Comment choisir les mesures de prévention et qu'entend-on par hiérarchie de la prévention?

Dans le cadre de la politique de bien-être au travail, l'employeur doit définir des mesures de prévention sur la base d'une analyse des risques. Cependant, toutes les mesures de prévention n'ont pas le même impact. Pour faire un choix judicieux, on se réfère en général à la hiérarchie des mesures de prévention. Plus une mesure est élevée dans la hiérarchie, plus elle aura d'impact. 
 

Comment les mesures de prévention sont-elles définies?

Définir des mesures de prévention sert à éviter ou réduire les risques. Par conséquent, le travail commence toujours par une analyse des risques: quels sont ces risques? qui y est exposé? quelle est leur ampleur? Toutes ces données permettent de définir les mesures de prévention appropriées. Cela fait partie du système de gestion dynamique des risques.
 

Quelle est la hiérarchie des mesures de prévention?

La hiérarchie des mesures de prévention est utilisée pour bien choisir les mesures à appliquer. Le principe de cette hiérarchie est que la préférence doit toujours être donnée aux mesures ayant l'impact le plus élevé. Il vaut mieux éliminer complètement le risque que parvenir seulement à le réduire. Prenons par exemple une machine bruyante. Il est plus rentable du point de vue de la sécurité au travail de la remplacer par une autre machine moins bruyante que de l'encoffrer et/ou de demander aux travailleurs de porter des protections auditives. Le schéma ci-dessous illustre la hiérarchie des mesures de prévention. 

 

Source: Prevent

Suis-je obligé de suivre la hiérarchie de la prévention?

La hiérarchie de la prévention aide à définir des mesures de prévention appropriées et le principe est inscrit dans la législation. En outre, les mesures qui se situent le plus haut dans la hiérarchie ont aussi plus d'impact. Si on remplace un produit chimique dangereux par un produit moins dangereux, il n'est peut-être plus nécessaire d'installer un système d'aspiration local, de fournir des vêtements de protection aux travailleurs, d'organiser une formation approfondie, etc. Cela rend tout moins complexe et cela profite au bien-être des travailleurs. 
 

Les mesures situées en haut de la hiérarchie de la prévention ne sont-elles pas coûteuses?

Il est vrai que dans certains cas, l'élimination du risque peut être une intervention coûteuse, comme, par exemple, réaménager un magasin pour séparer complètement les flux de circulation entre les chariots élévateurs et les piétons. Néanmoins, la hiérarchie de la prévention est aussi d’une grande aide lorsqu’il s’agit de planifier la prévention. On peut par exemple commencer par le placement de marquages au sol, de clôtures, de garde-corps, etc. et à long terme, si une rénovation est prévue, on peut opter pour un réaménagement complet. Ces étapes peuvent aussi être prises en compte lors de l'élaboration des plans d'action annuels et du plan global de prévention.
 

Pourquoi le port d'EPI se trouve-t-il au bas de la hiérarchie de la prévention?

Les équipements de protection individuelle (EPI) protègent la personne qui les porte contre le risque: gants de sécurité, chaussures de sécurité, lunettes de sécurité, vêtements de protection, casque de sécurité, protection respiratoire et protection contre les chutes,... 
La solution consistant à fournir des EPI est souvent mise en avant, car il s'agit d'une mesure qui peut être prise rapidement et à laquelle il est facile de penser: si un des travailleurs se coupe les doigts, on donne des gants anti-coupures à toute l'équipe. Cependant, l'efficacité de cette mesure de prévention est limitée. Les EPI n'offrent une protection qu'à la personne elle-même, et non à toutes les personnes présentes sur le lieu de travail. Les lunettes de soudage protègent le soudeur mais pas les passants. En outre, l'efficacité de la mesure dépend fortement de la manière dont la personne porte l'EPI. Par exemple, un travailleur qui enlève occasionnellement son casque de protection auditive sera toujours exposé à des niveaux sonores élevés. Ou encore, une personne portant un masque de protection qui ne contient pas le bon filtre inhalera quand même des fumées dangereuses. C'est pourquoi il est conseillé de toujours envisager des mesures se situant plus haut dans la hiérarchie de la prévention avant d’opter pour un EPI. En outre, il ne sert à rien de fournir des EPI si les travailleurs eux-mêmes n'en voient pas l'utilité. La mise en œuvre d'une telle mesure devrait donc toujours être accompagnée d'une sensibilisation et d'une formation. 
 

Peut-on combiner des mesures appartenant à différents niveaux de la hiérarchie de la prévention?

On peut le faire, et dans la pratique, c’est même ce qu’on fait le plus souvent. L'application d'une mesure située dans la partie "supérieure" de la hiérarchie ne signifie pas que l'affaire est close. Même si le risque a été réduit à la source, il est peut être encore nécessaire de prendre des mesures supplémentaires. Par exemple, l'utilisation d'une enceinte fermée dans un laboratoire réduit le risque d'exposition à des agents chimiques, mais il faudra encore toujours prévoir des EPI (gants résistant aux produits chimiques, vêtements de protection, lunettes de sécurité), des formations et des pictogrammes. 
 

Quel est le lien entre la hiérarchie des mesures de prévention et la politique d'achat?

Afin de respecter correctement la hiérarchie des mesures de prévention, il est important de l'intégrer dans la politique d'achat. S’il on accorde l’attention nécessaire à la prévention dès le départ, il est possible d'éviter que les risques n’arrivent dans l'entreprise. Cela vaut non seulement pour l’achat de machines ou d’agents chimiques, mais aussi pour les aspects ergonomiques lors de l'achat d'une chaise de bureau. 

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